Démarche artistique
Vinca Schiffmann

 

Mon travail aborde la question de l’intériorité envisagée sur plusieurs plans (physique, mental) et son rapport à ce qui lui est extérieur (la nature, la société, les autres).

Dans le cadre de « fictions vestimentaires », les combinaisons de plongée ou les bouées revisitées envisagent de calfeutrer le corps pour le protéger d’agressions extérieures.

La série d’œuvres en « latexte » considère la question de l’intériorité sur le plan de l’intimité de la pensée. Celle-ci, devenue matière dans de longues bandes d’écritures en latex qui s’entremêlent, ne révèle que partiellement son contenu.

Les créations en lien avec la parure se construisent autour d’une ambiguïté entre l’intérieur du corps (les organes), la peau et le vêtement, qui se confondent et fusionnent en une enveloppe unique et hybride.

 

Protection,  calfeutrement du corps : bouées et combinaisons de sauvetage

            En 2013, je réalise 2 installations en lien avec les idées de « sauvetage » et de « naufrage », qui intègrent à la fois des bouées et des combinaisons de plongée revisitées.
            Ces notions, plutôt réservées au domaine aquatique, me permettent de mettre en avant l’idée de « périls », contrebalancée par une mise en dérision et le caractère absurde de leur contexte de monstration. Déconnectés de leur environnement habituel, les bouées et les combinaisons, objets fonctionnels, utiles par définition, invitent à un impossible usage.

Latexte : l’intimité de la pensée exposée

Mon travail s’est toujours focalisé sur l’idée de souplesse et de tout ce qu’elle sous-entend à savoir la transformation, le mouvement, l’impermanence,  l’informe, la fragilité, la force de la pesanteur… La première fois que j’ai utilisé du latex il s’agissait pour moi de trouver  une peinture, qui appliquée sur une surface souple comme du tissu ou un film plastique, résisterait  aux pliures et torsions sans casser.

Parmi ces matériaux flexibles, le latex présente la particularité de pouvoir être coulé et moulé, et de disposer ainsi, tout en restant souple, d’une forme assez précise.

Le point de départ de ce travail consiste en des écrits personnels (« journal intime »).

« Depuis plus de vingt ans, je tiens un journal intime, qui consiste en des cahiers de type cahier d’écolier, que je remplis spontanément, sans censure, pour « remettre mes idées au clair ».  Je dispose de plus de quatre vingt tels cahiers dans mes placards.

Lorsque j’étais adolescente, je relisais ces cahiers avec délectation, mais depuis très longtemps je ne le fais plus. Au bout de quelques pages, je  suis lasse, je ne vois que la répétition de mêmes pensées et cela ne m’intéresse plus. L’intérêt de ces cahiers ne réside que dans l’acte d’écrire, pas dans celui de relire.

Depuis peu, j’écris directement en latex noir sur de grandes tables de plus de 2 mètres de large que j’ai installées dans mon atelier. Je coule mes textes à plat en latex. Chaque mot de cette écriture déjà reliée est lié au suivant. Après démoulage les mots s’enroulent sur eux-mêmes, prennent l’espace et cessent la plupart du temps d’être lisibles, tout en demeurant identifiables comme des lettres.

Ils prennent une expressivité qui est indépendante de leurcontenu, ils deviennent matière à être réorganisés, recomposés en fonctions des critères plastiques que je choisis.

         Dans ce travail qui se présente tantôt sous la forme d’installations, tantôt sous la forme de sculptures ou bas-reliefs, il m’est apparu, qu’au delà de l’acte exutoire d’écrire, et du jeu formel avec les mots en 3 dimensions, il y est aussi question de notre difficulté croissante à appréhender le monde avec les simples outils de la pensée et du langage. L’objet livre est en passe de devenir désuet, au bénéfice de l’image qui continue de l’emporter et d’internet, moins exigeant sur le contenu et à l’organisation non plus linéaire mais arborescente. 

            Sans doute s’agit-il aussi pour moi, à travers ces phrases en latexte entremêlées et illisibles, d’évoquer une certaine disparition de l’écrit et du mode de penser le monde qu’il véhiculait.

            Une série de « livre-objets » accompagne ce travail.

 

Anthropomorphisme et parures organiques : l’intimité du corps révélée

Il s’agit d’un travail autour sur de formes anthropomorphiques inspirées à la fois du corps humain et de costumes, dans lesquels le latex appliqué sur des films plastiques s ‘apparente tantôt à la peau tantôt à des organes.

En découle une ambiguïté entre l’intérieur et l’extérieur du corps, la peau et le vêtement.

 

Bas-reliefs

            Ils concernent aussi bien des réalisations en « latexte » qu’en tissu rembourré.

            Je suis attachée à cette position intermédiaire du bas-relief ; ni plan, ni volume ou plan augmenté ou volume tronqué d’une face, qui n’existe pas dans la nature. J’y vois un espace à cheval entre le monde réel et inventé ou représenté, propice à faire ressortir la matière et la dimension sensuelle de l’œuvre et incitant le spectateur à se déplacer le long du mur pour adopter plusieurs points de vue. Tout comme les installations à partir de lettre en latex, les bas-reliefs me permettent de poursuivre mon travail de jeux de passages entre la  deuxième et troisième dimension. 

            Les bas-reliefs en tissus rejoignent les premières œuvres que j’ai réalisées autour du corps et de la parure, sans l’aspect anthropomorphique. Les formes en molleton blanc trempées dans de la teinture rouge qui diffuse naturellement évoquent le corps, la nature, la biologie, mais traduisent aussi formellement le résultat de la tension entre le tissu (coupé d’après un patron conceptualisé à plat) et les forces bien réelles à l’œuvre au moment du rembourrage et de la fixation sur le panneau en bois.

 

Dessins

            Mes dessins expriment toujours en partie la manière dont ils ont été faits (tautologies). Ils sont des rencontres, des aventures sur le papier entre l’encre et des morceaux de scotch, des cordes, du coton, des étiquettes… Ils laissent peu de place à l’expressivité d’un trait, d’une composition, mais reposent en grande partie sur un geste très physique et répété inlassablement qui est celui de tracer des lignes très rapprochées sur l’ensemble de la page. Après avoir disposé mes éléments (embûches, faiseurs d’accidents) sur le papier, je détermine une règle simple (largeur, hauteur à peu près constante par exemple) et trace des lignes. Le dessin apparaît à la manière de la décalcomanie ou de la sérigraphie de façon presque détournée ou involontaire. Le processus importe davantage que le dessein et il s’agit une fois encore de laisser en partie  la nature à l’œuvre (l’œuvre à la nature).

 

 

 

   

 

 

Articles de presse

Kultur Regional - avril 2014

DNA septembre 2013

DNA janvier 2013

DNA mai 2012

DNA 1er juin 2008

DNA 4 mai 2008

Journal L'Alsace 24 avril 2008 (Page 1)

Journal L'Alsace 24 avril 2008 (Page 2)

 

Regarder une interview de Vinca Schiffmann

- Exposition "Cryptographe" à No Smoking (2012)

- Les Rencontres artistiques de Chaillol (2012)

- la Minoterie de Penzé (2010)

 

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